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Ce blog s'adresse à toutes les personnes francophones atteintes par la maladie, et qui ne peuvent pas accéder aux actualités des sites anglo-saxons, souvent beaucoup plus actifs que les sites français. Il est la traduction que j'espère la plus exacte possible des actualités publiées sur le site du Multiple Sclerosis Resource Center, que je remercie de m'autoriser à traduire et diffuser en français leurs articles. Ces informations sont données à titre indicatif, et n'engagent la responsabilité que de leur auteur. Ce blog dégage toute responsabilité quant au contenu traduit dans ses pages depuis le site du MSRC. En espérant que ce site pourra profiter au plus grand nombre, je vous souhaite bonne lecture et bon courage dans votre combat contre la maladie, combat qui est aussi indirectement le mien. Pour plus d'informations, consulter le site original : www.msrc.co.uk

vendredi 29 juin 2007

Des chercheurs de Stanford clarifient le rôle d'une protéine dans la SEP

Selon des chercheurs de l'école de médecine de l'université de Stanford, une protéine présente majoritairement dans le cristallin pourrait être un élément critique dans la spirale de l'inflammation et des dégâts provoqués par la sclérose en plaques.

Cette protéine, l'alphaB-crystallin, ne se trouve pas normalement dans le cerveau, mais se développe en réponse aux lésions infligées aux cellules nerveuses par la sclérose en plaques. Ces lésions peuvent provoquer chez les personnes qui en souffrent des pertes de motricité et même une paralysie.

"La découverte majeure de article est la réponse à la question : 'à qui sert l'alphaB-crystallin ?' " rapporte Lawrence Steinman, professeur de neurologie et de neurosciences. Le Pr. Steinman et son équipe ont montré que cette protéine jouait un rôle protecteur dans le modèle animal (chez des souris) de la sclérose en plaques. Ils ont montré également qu'une fois injectée à des souris, elle permettait de supprimer la paralysie. Ces découvertes seront publiées le 13 juin dans l'édition en ligne de la revue Nature.

Dans la SEP, le système immunitaire attaque la gaine de myéline entourant les neurones, provoquant leur dysfonctionnement. D'après la Multiple Sclerosis Foundation, près de 500 000 personnes aux Etats-Unis auraient été diagnostiqués comme souffrant de cette maladie, qui se manifeste par des symptômes variés, qui dépendent de la localisation et de la taille des lésions de la gaine de myéline. Les symptômes les plus courants sont la fatigue, une faiblesse générale ou des membres, des vertiges, des engourdissements des problèmes de vision.

Pour une raison encore inconnue, le système immunitaire considère l'expression de la protéine alphaB-crystallin dans le cerveau comme un signal de danger et attaque cette substance réparatrice. "L'attaque immunitaire dirigée contre l'alphaB-crystallin aggrave la situation, comme si un conducteur perdait le contrôle de son camion en descendant à fond une route de montagne, et que tout à coup, les freins lâchaient." commente le Pr. Steinman. Et il ajoute que, de façon remarquable, l'injection de cette protéine fonctionne comme si les freins se remttaient à marcher, permettant de reprendre le contrôle.

Si la même récupération est observée chez l'Homme, la protéine pourrait peut-être un jour être utilisée pour traiter la sclérose en plaques. "C'est un vrai plaisir de voir que cette même substance, produite naturellement par l'organisme et ayant ces effets protecteurs pourrait un jour être mise à profit et utilisée comme thérapie." déclare le Pr. Steinman.

L'équipe est optimiste quant à l'utilisation possible de la protéine comme médicament, mais le Pr. Steinman et Shalina Ousman, chercheuse post-doctorante dans son laboratoire et premier auteur de la publication, souligne le fait qu'il reste encore beaucoup de chemin avant de la tester sur des humains.

La reconnaissance du rôle de cette protéine dans la sclérose en plaques a débuté il y a plus de 10 ans. Le chercheur néerlandais Johannes Van Noort avait découvert alors que la cible principale de l'attaque du système immunitaire dans le cerveau n'était pas une des parties de la myéline, présumée coupable, mais l'alphaB-crystallin, le constituant majeur du cristallin.

"Pour une raison inconnue, la protéine est attaquée dans le cerveau, où on s'attend pas à ce qu'elle soit présente." déclare le Pr. Steinman, qui avait écrit un éditorial au sujet de la découverte de Van Noort en 1995, au moment de sa publication dans Nature. A partir de ce moment, Steinman et d'autres de ses collègues s'étaient demandés ce que signifiait la présence soudaine dans le cerveau d'une protéine qu'on trouve normalement dans le cristallin. En 2001, Steinman avait publié dans Science un catalogue des protéines les plus abondantes dans la sclérose en plaques, et l'alphaB-crystallin arrivait en tête.

La découverte les a donc menés, lui et son équipe, à réaliser une série d'expériences sur le modèle animal de la sclérose en plaques : l'encéphalomyélite expérimentale autoimmune. Ils ont montré de différentes manières comment l'alphaB-crystallin réduisait l'inflammation chez les souris et diminuait d'autres situations pathologiques associées à la sclérose en plaques, comme la mort cellulaire. Ils ont également montré que la suppression de la protéine entraînait une augmentation des symptômes neurologiques des animaux.

"Nous devons nous rappeler que les mécanismes de réparation en réponse aux lésions ou au stress existent." ajoute Shalina Ousman. "Néanmoins, dans certains cas, ces mécanismes de réparation n'arrivent pas à supplanter les mécanismes causant les blessures. Il est important de se demander pourquoi ces mécanismes faillissent et si leur fonction protectrice peut être restaurée."

"Quand les souris atteintes de l'équivalent de la SEP ont reçu les injections de la protéine, leur paralysie s'est inversée. La protéine a restauré l'ordre en supprimant les processus cellulaires qui causaient les dégâts.", explique S. Ousman. Steinman a spéculé alors que le mécanisme relevait d'une augmentation de la tolérance (tolerisation), de façon similaire au procédé utilisé lors désensibilisations allergiques, où l'on injecte à la personne la protéine responsable de l'allergie, pour que son corps apprenne à l'ignorer.

Une fois que les chercheurs ont eu une prise sur ce qui se passait chez la souris, ils se sont tournés vers les humains. En utilisant un ensemble d'échantillons de liquide céphalo-rachidien obtenus grâce à un collaborateur de l'école médicale de Harvard, l'équipe de Steinman ont fait des tests avec leur panel d'anticorps. Ces panels, développés avec des collègues de Stanford, William Robinson et P.J. Utz, professeurs assistants de médecine, sont des plaques de verre marquées avec d'infimes quantités de protéines constituant la gaine de myéline, afin de dresser le profil des cibles des anticorps.

Ils ont mis en évidence que chez l'Homme également, la plus forte réponse des anticorps était dirigée contre l'alphaB-crystallin, conduisant les chercheurs à penser que la protéine pouvait inverser les dégâts chez les humains comme elle le faisait chez les souris. "Je vais travailler énergiquement pour faire passer ceci du laboratoire à des développements plus avancés," a déclaré Steinman, "que ce soit à travers des collaborations avec des compagnies déjà existantes, ou en créant une nouvelle."

Source : Stanford University Medical Center (16/06/07)
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Traduit de l'anglais depuis www.msrc.co.uk, Multiple Sclerosis Resource Center